Arf
Je
décolle les affiches pour les soirées du jeudi soir et j'en fais des
avions supersoniques qui traversent les couloirs plus vite que les
oiseaux (ce ne sont que des moineaux). A la fin de la journée, s'ils
n'ont pas disparu alors que je tournais le dos trois minutes, je les
lance au-dessus d'un chantier ; j'espère toujours qu'ils tomberont dans
une bétonnière.
Je
me souviens, on devait être en première. Il me plaisait un peu déjà. Il
était encore avec sa copine. Sur la cassette qu'il avait dans sa
voiture ce jour-là, y'avait au moins une chanson d'Eagle Eye Cherry, ça
devait être Save Tonight ou Falling in Love Again, voire même les deux.
C'est assez contrastant, vu le haut degré de neuneusité des paroles de
ces chansons. Le paradoxe, finalement, c'est lui. Ou le changement. Je
ne le comprends pas. Mais j'aimerais bien. Alors je fais comme si de
rien n'était. Je lui mens parfaitement. J'ai envie de le frapper, et il
doit bien s'en douter, mais on fait comme si de rien n'était, puisque
je crois bien savoir qu'il a envie de me gifler. On balance des
banalités. Quoique des fois j'aie du mal à le suivre. Tu ne me fais plus peur.
Je n'ai plus peur qu'il ne m'aime pas. Je le laisse voir ce que je
suis. Et je ne suis pas comme il voudrait que je sois. Tant mieux, car
je le voudrais différent de ce qu'il est. Aussi. Mais peu, finalement.
Trop peu.
J'aimerais l'épater, une fois.
Je ne supporte plus la solitude.
Parfois
(souvent) j'aimerais bien ne pas être allée habiter ailleurs. Et demain
c'est déjà dimanche. J'aimerais que quelqu'un me prenne dans ses bras.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai envie de pleurer.
Merde, je l'aime...
... je crois.
Malgré tout.