Et puis...
Première
vraie semaine finie. Ouf. Enfin.
Je m'habitue sans grand mal à
ces salles gigantesques, pas tellement de cours en amphithéâtre,
des profs qui notent tous leurs cours mot à mot au tableau,
des fayots qui lèvent la main tout le temps, des gens qui
comprennent tout avant les explications et qui sont terrorisants...
Parfois c'est l'école primaire. D'autres un peu
l'université.
Le mercredi y'a pas de maths. Mais le jeudi
c'est long.
Des repas infects au foyer. Un petit déjeuner
gerbé dans l'escalier. Ma santé qui me fait souci.
Assez pour m'empêcher de travailler autant qu'il faudrait. La
peur de mourir qui m'empêche de me reposer autant qu'il
faudrait.
Il faudrait beaucoup. Ça ne sera pas facile d'y
arriver. Les premiers examens arrivent très bientôt, et
mes lacunes m'apparaissent déjà en gras surligné.
Mais sinon j'aime quand le métro fait des étincelles
dans la demi-obscurité de 8h. J'aime quand je prends le train
et que le lac est couvert de brouillard. J'aime être à
la maison le samedi matin et me faire réveiller par la lumière
du jour.
Je n'aime pas quand je suis hypocondriaque là-bas.
Je n'aime pas quand j'ai peur. Là-bas, c'est vachement
glauque. Heureusement que je me sens sociable.
Il y a des
personnages un peu cons. D'autres intrigants mais que je ne connais
pas assez et ne croise pas souvent. Et encore d'autres que j'aime
bien. Un cas dans mon foyer. Glousseuse terrible. Et pas le physique
attendu, bien entendu. Qui me présente comme cinglée
une autre avec laquelle il m'a suffit d'échanger trois mots
pour la trouver à potentiel génial si connue.
Stéréotype contraire,
la glousseuse, de qui devrait
être timide et coincée mais qui pourtant aborde, presque
hystériquement, tout ce qui porte culotte. Mais elle raconte
suffisamment sa vie pour me détourner de mes inquiétudes
médicales, bonne à avoir en cas d'angoisses, que je
fais passer aux yeux des gens comme un sur-stress... Il y a aussi
l'étudiante en deuxième année de médecine
qui vous parle au dîner de sa visite à la morgue cet
après-midi, et des autopsies du lendemain. Et de s'imaginer
cadavre offert à la science, et disséquée par la
co-pensionnaire. Nuit suivante atroce. Mais le
lendemain, la
croisant dans l'escalier, on n'hésite pas à sourire, et
à dire bon courage.